MAGICAL
L’évolution des modes de vie et l’augmentation constante des maladies chroniques telles que l’hypertension ou le diabète, a entraîné une recrudescence des cas de défaillance d’organes vitaux. Ces pathologies représentent désormais la principale cause de mortalité dans les pays industrialisés. Pour ces patients, la seule alternative thérapeutique est la transplantation (cad le remplacement de l’organe défaillant par un greffon fonctionnel issu d’un donneur génétiquement différent. Toutefois, malgré les progrès du traitement immunosuppresseur, les résultats à long terme demeurent limités en raison de la réponse immunitaire du receveur dirigée contre le greffon : appelé « rejet d’allogreffe ».
Classiquement, le rejet est attribué à l’action du système immunitaire adaptatif, en particulier aux lymphocytes T et B, capables de reconnaître les antigènes du donneur. Les cellules de l’immunité innée, telles que les monocytes et les cellules NK, sont souvent reléguées au rôle d’exécutants, activés secondairement par les lymphocytes. Toutefois, des travaux récents, de l’équipe NOPAB, ont démontré que les cellules NK sont, dans certains contextes, capables de reconnaître directement le greffon et d’initier un rejet en l’absence de l’intervention des lymphocytes.
Le projet MAGICAL cherche à approfondir la notion de rejet inné en s’intéressant à d’autres effecteurs immunitaires, notamment les monocytes. Il explore l’hypothèse selon laquelle une incompatibilité entre le donneur et le receveur au niveau d’une interaction moléculaire clé — le couple SIRPα / CD47 — pourrait jouer un rôle déterminant dans le rejet du greffon. Normalement, cette interaction constitue un signal de tolérance immunitaire, inhibant l’activation des cellules myéloïdes. Toutefois, en cas de « mismatch » entre les variants de SIRPα du receveur et ceux du donneur, les monocytes pourraient être activés, entraînant une inflammation chronique, favorisant la fibrose, et contribuant à la détérioration progressive du greffon.
Les objectifs d’Olivier Thaunat et son équipe sont :
- De démontrer expérimentalement que cette incompatibilité SIRPα/CD47 suffit à provoquer un rejet chronique
- Vérifier chez les patients transplantés si cette incompatibilité explique certains rejets inexpliqués
- Et enfin comprendre en détail les mécanismes moléculaires qui sous-tendent cette activation pour identifier de nouvelles cibles thérapeutiques.
En combinant modèles animaux, analyses de cohortes de patients et approches de biologie cellulaire avancée, MAGICAL propose de redéfinir le rôle des monocytes dans la transplantation. À terme, ce projet pourrait permettre de mieux prédire le risque de rejet à partir du profil génétique donneur/receveur et d’ouvrir la voie à de nouvelles stratégies thérapeutiques visant à prolonger la survie des greffons.
Plus d'informations sur l'équipe NOPAB.
Olivier Thaunat et son équipe ont également publié un article sur le même sujet, vous pouvez le découvrir ici.